Focus sur le Mur des Sarrazins
Le problème de l’alimentation en eau est aussi vieux que l’histoire de l’humanité !
Dans l’antiquité romaine, l’eau représentait un élément important et indispensable pour assurer le confort urbain. La technique de construction des aqueducs était maîtrisée par les romains, mais des questions persistent : par quel moyen les fontainiers romains ont-ils acquis la certitude que les ruisseaux des sources d’Eclaibes et de Floursies étaient de hauteur compatibles avec le niveau du site de Bavay ? Comment ont-ils identifié le parcours à suivre pour assurer la pente nécessaire à l’écoulement continu de l’eau dans le conduit, compte tenu des difficultés que présentaient les vallées de la Braquenière à Dourlers, de la Sambre à St Rémy du Nord et au Manissart à Vieux Mesnil ?
C’est à n’en pas douter pour des raisons économiques que les constructeurs s’efforcèrent de maintenir le niveau supérieur de l’aqueduc le plus proche possible de la surface du sol, pour ne pas à avoir à l’enterrer trop profondément, ni à le surélever sur des constructions aériennes, quitte à les faire décrire un tracé sinueux en l’adaptant aux courbes de niveau définies par les dépressions du terrain.
C’est aux sourciers et aux hydrologues que revint la mission de repérer les sources existant autour de Bavay, en éliminant celles dont le niveau était trop bas, ainsi que celles dont la qualité était insuffisante, voire mauvaise. Nous savons aujourd’hui, que ce sont les sources de Floursies, distantes de Bavay d’environ 20 km à vol d’oiseau et celle, plus proche d’Eclaibes qui retinrent leur attention.
L’aqueduc
Dans sa notice « L’aqueduc romain de Floursies à Bavay » 1833, l’historien P Chevalier décrit : "des sondages qui lui ont permis de retrouver le passage souterrain de l’aqueduc à Mont Dourlers près du passage de la route d’Avesnes, le long du chemin de la Croix (aujourd’hui rue d’Arouzie) où la dénivellation est encore visible". L'aqueduc traversait ensuite le chemin à environ 400 m du carrefour qu'il forme avec la route d'Avesnes N2. Puis il remonte vers le Nord Ouest en direction du versant gauche de la vallée du ruisseau de la Braquenière. Il y cesse sa progression. Le conduit devait pourtant continuer de se développer et franchir la vallée pour atteindre l'autre versant au sommet duquel subsiste un tronçon de mur de soutènement connu sous le nom de "Mur des Sarrazins"
Le mur des Sarrazins
Vestige de la « route de l’eau » qui alimentait les thermes de la capitale des Nerviens Bagacum (Bavay) dès le 1er siècle après JC.
"A 500 m au Nord de l'église de Dourlers, au lieu dit "Trieu Gaillon", on voit des ruines qui bordent le chemin vicinal sur une vingtaine de mètres. Elles sont constituées par un mur large d'un mètre et s'élevant à près de 2 m au dessus du chemin. La partie Est du mur de soutènement est profondément enterrée alors que la partie Ouest a été complètement démolie jusqu'à sa base qui affleure encore dans l'axe du chemin vicinal sur près de 60 m. On peut estimer que le lit d'écoulement du conduit était à environ 2,70 m au dessus du niveau du chemin vicinal et qu'à cet endroit, l'aqueduc était en position aérienne.
Il n'a jamais été possible de situer exactement le circuit qu'adoptèrent les romains pour faire progresser l'aqueduc au delà du Mur des Sarrasins. Des prospections ont finalement abouti à la découverte d'un secteur de prairie ou subsiste un énorme monticule de terre, témoin du gigantesque travail qu'effectuèrent les romains pour ouvrir un passage en vue de faire progresser le conduit vers le Nord. Il passe sous le village d'Ecuélin avant de rejoindre l'extrémité de Bachant, de bifurquer en direction de la vallée de la Sambre, St Rémy du Nord, Vieux Mesnil, là où subsiste également un morceau du Mur.
Restent les vestiges d'un conduit d'aqueduc qui captait l'eau à Eclaibes à proximité d'une source connue sous le nom de Fontaine des Fièvres. Ce conduit ne donna peut-être pas entière satisfaction puisque les Romains se déterminèrent ensuite à aller capter les eaux des sources de Floursies, quitte à rallonger considérablement la longueur de l'aqueduc.
Hormis quelques passages, dont celui de la vallée de la Braquenière à Dourlers, qui étaient franchis par des siphons, le conduit romain n'utilisait que des pentes naturelles, faisant de multiples détours pour s'adapter au relief du terrain.
La distance qui sépare les sources de Floursies du site de Bavay est de 19 km à vol d'oiseau. Avec les détours, la distance totale du conduit principal était pratiquement de 29 km.